QUE RETENIR UN MOIS APRÈS LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES DE 2024 ?
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Il y a un mois, entre le 6 et le 9 juin 2024, nous, citoyens européens, avons voté pour 720 nouveaux députés européens (MEPs), soit 15 de plus qu'en 2019. Ces élections permettent de remodeler la dynamique européenne en élisant des députés qui partagent nos idées, travaillent sur nos priorités et répondent à nos préoccupations.
Cinq ans après les élections de 2019, l'Union européenne (UE) se trouve dans une situation difficile. Après le Brexit, l'UE a dû faire face à la pandémie de COVID-19, protéger les principes de l'État de droit et les valeurs démocratiques qui ont été mis à mal par les actions de certains États membres comme la Pologne ou la Hongrie, faire face à des scandales de corruption, comme le Qatargate, compromettant la transparence et la confiance, gérer les migrations, faire face à la crise climatique et se remettre des crises économiques et énergétiques causées par le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Ces années difficiles, au cours desquelles l'Union Européenne a connu des hauts et des bas, ont révélé certaines faiblesses et incohérences. Les disparités sociales et les incertitudes économiques persistent dans de nombreux pays européens, tandis que la migration reste un sujet de débat brûlant. Bien que la mise en œuvre du Green Deal ait ralenti et se heurte à la résistance de nombreux acteurs cruciaux, l'UE travaille sur un Green Deal 2.0. Les relations économiques avec la Chine sont fragiles et l'UE s'efforce de remédier à sa dépendance dans des secteurs stratégiques. La montée des partis populistes et nationalistes dans l'Union européenne contribue également aux tensions auxquelles l'Europe doit faire face, remettant en cause sa légitimité et son unité. C'est dans ce contexte géopolitique complexe que les élections européennes se sont déroulées en juin dernier, soulignant leur importance pour l'avenir de l'Union européenne et de ses États membres.
L'objectif de cet article est de comprendre les résultats des élections européennes de 2024. Les résultats de la droite soulèvent de nombreuses questions et inquiétudes. Quelles seront les conséquences d'un Parlement européen (PE) de droite sur les politiques de migration et de changement climatique ? Comment évolueront les relations commerciales avec la Chine et les États-Unis ? Cela marquera-t-il un tournant dans la position de l'UE sur le conflit russo-ukrainien ? Existe-t-il un risque d'instabilité politique et de polarisation au sein des Etats membres ? Il est trop tôt pour tenter d'apporter des réponses à ces questions, qui ne seraient que des spéculations. Le but est donc de fournir une vue d'ensemble des résultats des élections, d'analyser les implications potentielles à la lumière des tendances politiques actuelles et d'aider les lecteurs à comprendre les orientations futures possibles pour l'Union européenne. Dans un premier temps, cet article explique le système de représentation proportionnelle au PE, afin de comprendre le mécanisme électoral et les relations entre les partis politiques nationaux et les groupes politiques européens. Ensuite, les résultats des élections seront présentés et utilisés pour comprendre les implications de ce changement de pouvoir. Enfin, les principaux points de discorde dans la sphère politique seront discutés, ainsi que les prochaines échéances importantes pour l'avenir de l'Union européenne.
Système d'Élection et Représentation au Sein du Parlement
Le Parlement européen est composé de députés des 27 pays de l'UE. Le nombre de sièges par pays est réparti proportionnellement à la population du pays, le nombre maximum de sièges étant de 96 et le minimum de 6. Etant le pays le plus peuplé (83 millions d'habitants), c'est l'Allemagne qui dispose du plus grand nombre de sièges. A l'opposé, Malte, avec ses 536 000 citoyens, dispose du nombre minimum de sièges.
Les sièges attribués à un État membre sont ensuite partagés entre les différents partis nationaux, déterminé par le nombre de voix obtenues lors des élections européennes. Plus il y a de voix, plus il a de sièges. Les partis nationaux sont affiliés à l'un des sept groupes politiques européens, en fonction des affinités politiques des députés européens. Pour former une "famille" politique européenne, il faut un minimum de 23 députés européens, élus dans au moins un quart des États membres de l'UE (actuellement sept). Si l'une de ces deux conditions n'est pas remplie, les députés feront partie des "non-inscrits". Les principaux groupes politiques de l'hémicycle sont le Parti populaire européen (PPE), également connu sous le nom de "démocrates-chrétiens", et l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), ainsi que Renew Europe, appelé "libéraux". Ensemble, ils ont formé une majorité de trois groupes (414 députés pour 2019-2024), car ils représentaient plus de la moitié des députés, ce qui correspondait à la règle de vote à la majorité simple (703/2 +1 = 353 députés). Cela les a aidés à influencer les politiques de l'UE en fonction de leurs idées politiques, ce qui leur a permis de moins tenir compte des opinions des quatre autres groupes.
Prenons l'exemple de la Belgique. En juin 2019, les citoyens belges ont voté pour 21 députés européens belges, soit un de moins qu'en juin 2024. Au cours des cinq dernières années, il y a donc eu 21 eurodéputés belges, issus de différents partis nationaux belges. Au Parlement européen, la gauche se compose du Parti du travail de Belgique (PTB), d'"Ecolo" et de "Groen", et du Parti socialiste (PS) et de "Vooruit", affiliés respectivement à la Gauche, aux Verts/ALE et au S&D. Au centre, le Mouvement réformateur (MR) et l'OpenVLD sont affiliés à Renew Europe. Enfin, le "Christlich Soziale Partei" (CSP) & "Christen-Democratisch en Vlaams" (CD&V) & "Les Engagés", "Nieuw-Vlaamse Alliantie" et le "Vlaams Belang" forment la "droite", affiliés respectivement au PPE, aux Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), et à Identité et Démocratie (ID).
Ce système, bien qu'offrant des avantages, présente également certains défis. La représentation proportionnelle favorise la justice et l'équité, car elle réduit la représentation disproportionnée en permettant de représenter un plus large éventail d'opinions politiques, en particulier celles des petits groupes et des groupes minoritaires. Par conséquent, elle donnerait le sentiment que tous les votes comptent, ce qui favoriserait la participation électorale. Un autre avantage est que, grâce à la collaboration et aux débats, elle permet une plus grande flexibilité, s'adaptant plus facilement aux changements de l'opinion publique et permettant des solutions politiques innovantes. En revanche, la diversité des partis nationaux fragmente le paysage politique. La formation de coalitions peut s'avérer une tâche complexe, susceptible de conduire à un blocage sur des questions importantes et urgentes. Et même lorsque des coalitions sont formées, il peut être difficile de parvenir à des accords entre les partis nationaux, en raison de leurs programmes différents ou de leurs intérêts nationaux divergents. Pour trouver un terrain d'entente, les partis nationaux doivent faire des compromis, ce qui peut conduire à des politiques incohérentes, inefficaces et/ou fragmentées qui ne répondent pas pleinement aux enjeux. Dans l'ensemble, la représentation proportionnelle renforce la légitimité du processus démocratique ainsi que le sentiment d'unité, d'identité et d'intégrité de l'Europe. Cependant, les exigences consensuelles entraînent de longues négociations qui ralentissent le processus législatif et retardent les objectifs politiques.
Résultats Des Élections Européennes de 2024
Maintenant que nous avons passé en revue le système de représentation au sein du Parlement européen, nous allons discuter des résultats des élections européennes de 2024, et expliquer qui sont les " gagnants " et qui sont les " perdants ".
Il est important de noter que les résultats des élections européennes de 2024 utilisés dans cet article sont des résultats provisoires, car les États membres n'ont pas encore publié officiellement leurs données définitives sur la participation nationale.
Après une augmentation significative du nombre de votants en 2019 (+8,05%), les élections européennes de 2024 n'ont connu qu'une faible croissance de 0,41%. Ce faible pourcentage moyen indique qu'il y a eu peu d'amélioration. Alors que la Belgique (+1,45%), la France (+1,37%), Malte (+0,3%), la Lettonie (+0,29%) et la Roumanie (+1,20%) ont connu une augmentation substantielle, 8 autres pays ont enregistré une hausse d'au moins 3%. Il s'agit notamment de la Hongrie (+16,1%), de la Slovaquie (+11,64%) et de la Slovénie (+12,91%), qui avaient enregistré de faibles taux de participation lors des précédentes élections européennes. Cependant, d'autres pays comme la Grèce (-17,29%), l'Espagne (-11,52%) et la Lituanie (-25,13%) ont connu une baisse significative de leur taux de participation, tandis que la Finlande (-0,4%) et la Suède (-1,88%) ont connu une légère baisse de leur taux de participation. Comme en 2019, 15 pays sont toujours en dessous du taux de participation de 50%, dont quatre qui étaient au-dessus de ce taux en 2019. En revanche, en 2019, quatre pays étaient en dessous du taux de 30 %, contre deux en 2024. Par ailleurs, à l'exception de la Croatie (-8,5 %) et de la Pologne (-5,03 %), la participation a augmenté dans les autres pays d'Europe centrale et orientale.
Source: Parlement Européen
Nous pouvons supposer que la participation des jeunes a augmenté car, pour la première fois, les États membres ont été autorisés à fixer l'âge minimum national à 16 ans s'ils le souhaitaient, comme c'est le cas en Autriche, en Belgique, à Malte et en Allemagne. Toutefois, il est trop tôt pour évaluer avec précision la participation des jeunes ou les raisons pour lesquelles ils ont décidé de voter ou de ne pas voter. Comme en 2014 et en 2019, une enquête post-électorale sera probablement publiée plus tard dans l'année, vers le mois de septembre, et contiendra des données utiles pour répondre à ces questions.
A la suite aux résultats des élections européennes de 2024, deux "perdants" et deux "gagnants" peuvent être identifiés. Les deux groupes perdant le plus de sièges sont Renew Europe (-24) et les Verts (-17), et les deux groupes en gagnant le plus de sièges sont ECR (+15) et le PPE (+12). Le groupe ID s'est également renforcé, passant de l'avant-dernière à la cinquième place. Enfin, les socialistes et démocrates n'ont perdu que 2 sièges, tandis que la gauche a obtenu 2 sièges supplémentaires. Sans aucun doute, la droite s'est renforcée, avec un total de 329 sièges (y compris le PPE), contre 305 pour la gauche et le centre. Il est toutefois important de noter qu'il y a encore 41 députés européens nouvellement élus qui ne font partie d'aucun groupe politique et qui devraient en rejoindre un prochainement, ainsi qu'un total de 45 députés européens indépendants.
Nous savons maintenant qui sont les gagnants et les perdants, mais qu'est-ce que tout cela signifie ? Que se passera-t-il vraiment ? Les élections européennes sont très importantes pour l'Union européenne. En formant des coalitions ou en rejoignant l'un des sept groupes européens actuels, les députés européens ont une plus grande influence sur les priorités de l'agenda législatif du Parlement. Ensuite, en collaboration avec le Conseil de l'UE, ils modifient et approuvent la législation proposée par la Commission européenne (CE), influençant ainsi directement les résultats politiques. Les députés européens ont également leur mot à dire sur le budget de l'UE, puisqu'ils décident du montant des fonds alloués à des programmes tels que la recherche et le développement (R&D) ou les projets d'infrastructure. De plus, la composition du Parlement a un impact sur le président de la CE, dont les idées politiques se reflètent dans l'agenda et les propositions politiques de la Commission. En effet, le président est élu à la majorité qualifiée, ce qui signifie que pour être élu, il doit être soutenu par des députés d'au moins 55 % des pays de l'UE (15/27) représentant au moins 65 % de la population de l'UE. Alors, les résultats des élections européennes de 2024 permettront-ils l'émergence d'une nouvelle majorité politique au Parlement ?
Compte tenu de la montée de la droite et de l'affaiblissement de la gauche et du centre, il y a deux façons pour la droite d'être majoritaire au Parlement européen. Le premier scénario serait que le PPE quitte la coalition avec les Socialistes & Démocrates et les Libéraux, et se tourne vers les Conservateurs (ECR). En effet, quelques semaines avant les élections européennes, lors du débat de Maastricht, le 29 avril 2024, l'actuelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui appartient au PPE, n'a pas exclu de travailler avec la droite, comme le parti de Meloni, "Fratelli d'Italia". Cependant, en réponse à cela, le 4 mai 2024, le Parti socialiste européen a tenu une conférence à Berlin pour faire la "Congrès de la démocratie", avertissant qu'ils ne collaboreront pas avec la droite, à savoir ECR et ID. Une position partagée par Valérie Hayer, présidente de Renew Europe, et par les Verts qui se sont dits ouverts à rejoindre une majorité stable et démocratique. Au vu de ces positions, et étant donné qu'Ursula von der Leyen a besoin de créer une majorité de soutien pour être réélue pour un second mandat à la présidence de la Commission européenne, il ne lui a pas fallu longtemps pour clarifier ses propos. Elle a souligné l'importance de continuer à collaborer avec les socialistes et les libéraux, ainsi qu'avec tout autre groupe désireux de s'opposer aux extrêmes. Par conséquent, ce premier scénario de formation d'une nouvelle majorité avec la droite au sein du PPE est peu probable.
Le deuxième scénario est la création d'un supergroupe d'extrême droite. Les partis ECR et ID tels que le "Rassemblement national" (RN) de Marine Le Pen, le "Chega" d'André Ventura, le Partij voor de Vrijheid (PVV) de Geert Wilders et d'autres pourraient travailler ensemble pour devenir le deuxième groupe le plus important au PE, avec au moins 141 sièges. Néanmoins, la tâche est loin d'être facile, car les partis d'extrême droite sont souvent en désaccord sur la plupart des questions. Leurs désaccords sur les politiques d'élargissement, la régulation du marché, les accords commerciaux, le financement industriel de l'UE ou le conflit russo-ukrainien sont le résultat de profondes divisions idéologiques. En raison de ces divergences, l'idée de créer un groupe alternatif plutôt que de fusionner au sein d'un supergroupe est redevenue envisageable. Par exemple, Alternative für Deutschland (AfD), qui a été exclu du groupe ID d'ici la fin mai 2024, cherche des partis nationaux non affiliés pour créer un nouveau groupe européen au Parlement européen. Ces partis, cependant, sont mis à l'écart par tout le monde parce qu'ils appartiennent à des partis d'extrême droite, eurosceptiques, populistes, anti-establishment ou séparatistes. Par conséquent, bien que très difficile à réaliser, la création d'un tel groupe encouragerait la coopération entre l'ECR et l'ID. Une autre piste concerne Viktor Orban, Premier ministre hongrois, et son parti Fidesz. Après l'annonce officielle que le parti d'Orban ne rejoindra pas le parti "Fratelli d'Italia" de Giorgia Meloni au sein de l'ECR, le chef du gouvernement hongrois a cherché d'autres moyens d'accroître son influence sur la scène européenne. Il y a quelques semaines, le 30 juin 2024, M. Orban s'est rendu à Vienne pour déclarer que son parti formerait un nouveau groupe appelé "Patriotes pour l'Europe" avec le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) et le Parti des citoyens mécontents (ANO) de la République tchèque. Il a affirmé que ce nouveau groupe politique apporterait des changements et transformerait la politique européenne. Depuis lors, on a beaucoup spéculé sur le fait que le parti nationaliste polonais "Prawo i Sprawiedliwość (PiS)" ou le "Parti Droit et Justice" de Mateusz Morawiecki envisageaient de quitter l'ECR et de s'allier à Viktor Orban. D'autres partis des pays de Visegrad pourraient également envisager de les rejoindre, comme la "Konfederacja" (Confédération) de Pologne ou le "Hnutie Republika" (Mouvement républicain) de Slovaquie.
Il semble donc que la droite puisse influencer la politique européenne en bloquant des propositions et en exigeant des contre-propositions. Cela pourrait changer la nature de certaines politiques ou retarder leur adoption finale. Par exemple, le Parlement a opté pour une position sur la politique migratoire (i.e. : nouveau pacte sur la migration et l'asile) qui reflète la position des partis de droite. La politique migratoire se concentre désormais sur des accords bilatéraux avec des pays tiers pour empêcher les migrants d'entrer dans l'UE, au détriment de la protection des droits de l'homme et du renforcement des contrôles aux frontières. En ce qui concerne la politique climatique, la plupart des mesures incluses dans le paquet européen Green Deal ont déjà été adoptées. Par conséquent, la droite tente de saper la mise en œuvre adéquate ou de s'opposer à la nouvelle législation. La réduction de 90 % des émissions de carbone d'ici 2040 ou la loi sur la restauration de la nature se heurtent à une forte opposition. L'efficacité de la droite à influencer ces politiques dépendra principalement de sa capacité à travailler ensemble et à s'unir. Ce sera l'occasion d'observer si les nationalistes peuvent ou non aller à l'encontre de leur nature en collaborant et en formant des coalitions paneuropéennes. De plus, malgré la perte de 14 sièges, la majorité actuelle, composée du S&D, de Renew et du PPE, représentera 400 sièges au Parlement européen de 2024 à 2029. Et encore plus si les Verts ajoutent leurs 54 sièges. Les trois groupes pourraient donc encore former la majorité (750/2 +1 = 376 eurodéputés). La droite pourrait donc avoir un pouvoir limité au Parlement européen au cours des cinq prochaines années. Mais qu'en est-il en dehors du PE ? Quel signal envoie-t-elle aux autres institutions européennes et aux gouvernements nationaux ?
Source: Parlement Européen
L'Influence de la Droite : Scénarios Envisageables
Perspectives d'Avenir Proche pour l'UE
La Commission européenne et le Conseil de l'UE sont les deux autres institutions les plus touchées par la montée de la droite au Parlement. La CE étant l'organe législatif de l'Union européenne, c'est elle qui propose des textes législatifs au Parlement européen et au Conseil. Le travail de la Commission est guidé par des priorités, fixées par son président au début de son mandat de cinq ans. L'actuelle présidente de la Commission est Ursula von der Leyen, qui appartient au PPE et a travaillé avec succès avec la majorité politique du Parlement européen (S&D, Renouveau européen et PPE) au cours des cinq dernières années. Ces dernières semaines, on a spéculé sur le fait qu'elle pourrait se présenter pour un second mandat. Ce n'est que récemment que les dirigeants de l'UE ont pris la décision de la désigner comme candidate à la plus haute fonction de l'Europe. L'étape suivante consiste à obtenir le soutien d'au moins 55 % des députés européens (361). C'est pourquoi elle travaille d'arrache-pied à la constitution d'une majorité au Parlement européen, composée de son propre parti (PPE), de Renouveau européen, du S&D et des Verts (454 eurodéputés). Comme elle ne peut pas être sûre que tous les partis nationaux du groupe européen voteront pour elle, elle doit construire une majorité avec le plus grand nombre de sièges possible. En incluant les Verts dans sa majorité, elle se donne ainsi une marge plus large. Elle a également noué des liens avec Meloni, mais son parti "Fratelli d'Italia" au sein de l'ECR est considéré comme trop "à droite" par les partis centristes et de gauche. Et comme les Verts, le S&D et Renew ont clairement indiqué qu'ils ne travailleraient pas avec la droite, il pourrait être risqué pour Mme von der Leyen de maintenir des relations avec Meloni, car elle pourrait ne pas être soutenue par les eurodéputés de ces groupes. Son élection est prévue pour jeudi prochain, le 18 juillet.
Source image: X (formerly Twitter)
Le Conseil de l'UE est composé des ministres des gouvernements nationaux qui décident de l'agenda politique et adoptent les lois de l'UE avec le Parlement européen. Comme on l'a vu, les partis de droite ont recueilli un grand nombre de voix, ce qui signifie que la composition des gouvernements nationaux peut également se déplacer vers la droite. Dans certains pays, comme l'Italie, les Pays-Bas ou la Suède, la droite fait même partie des coalitions gouvernementales. En fin de compte, cela affectera la composition et la position du Conseil. En outre, Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, pourrait profiter de la présidence hongroise du Conseil, qui a débuté le 1er juillet 2024 et durera six mois. Avec le slogan "Make Europe Great Again", dérivé de l'une des devises les plus connues de Trump "Make America Great Again”, l'intention d'Orban est claire. Il souhaite remodeler une Europe correspondant mieux à son image. Et il pourrait bénéficier d'une occasion en or tant donné que la Hongrie assure la présidence du Conseil de l'UE. La présidence tournante semestrielle du Conseil peut influencer les priorités de l'UE en fixant les priorités de l'agenda politique du Conseil. La Hongrie a décidé de se concentrer sur sept priorités, telles que la lutte contre l'immigration clandestine, la définition de l'avenir de la politique de cohésion, l'intégration de la politique agricole commune (PAC) au cœur des discussions ou la conception d'une politique d'élargissement cohérente et fondée sur le mérite.
Enfin, parce que la droite est la grande gagnante des élections démocratiques européennes, elle pourrait donc légitimement viser des postes clés dans le processus décisionnel européen. Les postes clés de l'UE ont déjà leurs candidats officiels, ce qui les rend difficilement accessibles à l'heure actuelle. Ainsi, Roberta Metsola devrait rester présidente du Parlement, António Costa sera le prochain président du Conseil européen et Kaja Kallas sera la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Il va sans dire que la droite n'a pas apprécié cette décision, car les trois candidats appartiennent respectivement au PPE, au S&D et à l'Europe du renouveau. Par conséquent, comme il n'y a pas de candidat de droite, il est très possible qu'ils fassent pression pour obtenir un poste après l'élection du président de la Commission. Les partis de droite influents pourraient éventuellement chercher à obtenir un portefeuille, dont un commissaire serait responsable, dans des domaines politiques tels que l'immigration, l'énergie, le commerce ou le marché intérieur.
Conclusion
Le résultat des élections européennes de 2024 entraînera un changement dans la dynamique du pouvoir européen, et pas seulement au sein du Parlement européen. Avec une droite plus puissante, déterminée à agir et à influencer la politique autant qu'elle le peut, nous pouvons nous attendre à des retards dans l'adoption et la mise en œuvre des politiques, en raison d'une plus grande polarisation politique. L'implication des citoyens européens dans ces élections est d'une importance cruciale. Chaque vote compte, car il influence les politiques nationales et européennes. L'augmentation du taux de participation dans certains pays témoigne du désir des citoyens de façonner une Union qui reflète leurs valeurs et leurs priorités. Ceci est vital pour la légitimité et l'unité de l'Union européenne.
Introduction
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